
J’ai vu passer une annonce aujourd’hui : un Olympus MJU II à… 450 euros. Sérieusement ? Pour un compact en plastique qui valait moins de 100 euros neuf ? J’en ai eu plusieurs entre les mains, et croyez-moi : ça ne les vaut pas. Mais comme le marché de l’argentique adore les bulles et les effets de mode, on continue à sur-vendre un appareil qui n’a rien de magique.
L’Olympus MJU II en quelques mots
Ah, le fameux Olympus MJU II. Ce compact est devenu en quelques années l’icône que tout le monde s’arrache. Petit, élégant, capable de tenir dans une poche de jean slim — bref, le Graal pour celles et ceux qui rêvent de faire de l’argentique sans trimballer une brique autour du cou. On le présente comme le compact parfait, celui qui ne rate jamais une photo, l’objet quasi-mystique dont le nom fait briller les yeux des influenceurs et des collectionneurs en herbe.
Mais soyons sérieux deux minutes : ce n’est qu’un appareil photo. Et pas le plus fiable qui soit.

Un compact sur-côté
Je vais être franc : oui, c’est un bon compact. Son objectif est excellent, il n’y a rien à dire là-dessus. La netteté est surprenante, le contraste agréable, et il a cette capacité agaçante à sortir des clichés propres même dans des conditions pourries. C’est d’ailleurs pour ça qu’il a explosé en popularité. Et je l’avoue sans détour : je l’ai recommandé, je l’ai encensé, je l’ai même mis en avant ici-même. Mea culpa.
Mais parlons de ses défauts. Parce que, évidemment, on les oublie toujours.
- Le boîtier est fragile. Une petite chute et c’est la loterie.
- Le flash se rallume à chaque mise en marche. Oui, chaque fois. C’est fatigant, ridicule, et ça casse les nerfs.
- Les pannes sont fréquentes, et les réparateurs lèvent souvent les yeux au ciel quand on leur amène un MJU II agonisant.
Bref : c’est un compact pratique, mais loin d’être ce mythe indestructible que les réseaux veulent bien nous vendre.

Des prix de revente délirants
Et c’est là que ça devient indécent. Neuf, dans les années 90, le MJU II se vendait autour de 99 euros. Oui, moins de 100 balles pour un compact de qualité. Aujourd’hui ? On le trouve à 300, 400, parfois même 500 euros. Pour un appareil en plastique qui peut rendre l’âme du jour au lendemain. Sérieusement ?
On est en plein délire spéculatif. Certains achètent uniquement pour revendre avec une belle plus-value, sans même déclencher une seule pellicule. Un marché qui ne profite qu’aux opportunistes, pendant que des débutants qui veulent juste essayer l’argentique se font plumer. Résultat : on alimente une bulle artificielle où un appareil photo correct devient une relique inaccessible.
Et pendant ce temps, des compacts tout aussi performants dorment dans des tiroirs, vendus pour une bouchée de pain, ignorés parce qu’ils n’ont pas la côte du MJU II. Une absurdité totale.

Méfiez-vous des tendances
Soyons clairs : si le MJU II a atteint ce statut de star, c’est moins pour ses qualités intrinsèques que parce qu’il est passé à la moulinette des créateurs de contenus. Des vidéos YouTube qui jurent que c’est l’appareil ultime. Des posts Instagram en veux-tu en voilà avec des #mjuII à la pelle. Des blogs qui répètent tous la même rengaine. Résultat : tout le monde s’est mis à le chercher, à en parler, à le désirer.
Et je ne vais pas jouer les innocents : j’ai contribué moi aussi à cette hype. En parler, c’était facile, vendeur. Mais avec le recul, ce n’était pas forcément rendre service aux photographes qui débutent. Parce qu’on ne leur disait pas l’essentiel : que l’appareil photo parfait n’existe pas. Et qu’il n’y a rien de plus triste que de croire que la magie viendra d’un boîtier au lieu de venir de l’œil qui regarde.
Alors, si tu es tenté par l’argentique, si tu rêves de te lancer avec un compact sympa : ne cours pas après les tendances. Laisse le MJU II aux spéculateurs, aux vitrines eBay et aux collectionneurs compulsifs. Prends un appareil plus modeste, plus anonyme. Un Ricoh, un Pentax, un Minolta oublié. Ils feront aussi bien, parfois mieux, pour une fraction du prix. Et surtout, ils te rappelleront la seule chose qui compte vraiment : ce n’est pas le nom de l’appareil qui fait la photo. C’est toi.
Soyons clairs : j’ai aimé photographier avec l’Olympus MJU II. Sa taille minuscule, son côté discret et son objectif fixe de grande qualité en font un compagnon de poche très séduisant. Pouvoir le glisser n’importe où et dégainer dès qu’une scène surgit, c’est un vrai plaisir. Oui, il est compact, pratique, et il m’a donné de belles images.
Mais rien de tout ça ne justifie les prix délirants qu’on voit aujourd’hui. Ce n’est pas un appareil magique, juste un bon compact qui, à force de hype et de spéculation, est devenu l’otage d’un marché absurde. Les petits malins en profitent, et les passionnés se retrouvent à payer pour une légende gonflée artificiellement.

Alors si vous cherchez un appareil argentique de poche, ne vous laissez pas aveugler par l’aura du MJU II, en tout cas pas à un prix stratosphérique. Regardez ailleurs, testez d’autres modèles. La photo, la vraie, se joue dans l’œil, pas dans la bulle des enchères.
Prix d’achat conseillé pour un Olympus MJU II : entre 90 et 130 euros

Commentaires
4 réponses à « N’achetez surtout pas un Olympus MJU II ! »
Bonjour Fred, tu vas dans le même sens que quelques articles écris sur latelierdejp : le Mju est un bel appareil mais il ne faut pas oublier que ceux qui sont en vente aujourd’hui ont tous plus de 30 ans et ont bien servi. Résultat ? La plupart sont rincés et difficilement réparables. Car oui, c’est un appareil fragile, tant au niveau mécanique (tout en plastique) qu’électronique (qui vieillit très mal). Et comme tu le fais si bien remarquer, il en existe des tas d’autres qui sont aussi bons voire carrément meilleurs, surtout en fiabilité. Si vous recherchez les qualités de son objectif (le même que les premiers Olympus Ten et Trip de … 1967), il il y a d’autres alternatives, cherchez un peu. Vous ferez de sérieuses économies, de quoi vous offrir des films et si vous débutez, un ou deux cours pour découvrir le monde de l’argentique, pour ne pas être déçu. Toutes mes amitiés.
Merci beaucoup pour ton retour JP ! Tu résumes parfaitement ce que je voulais mettre en avant : le Mju II a été un excellent compact en son temps, mais aujourd’hui, à cause de la spéculation autour de son prix, ce n’est clairement plus un bon choix.
Tu as tout à fait raison de rappeler qu’il existe plein d’alternatives souvent plus fiables et abordables — et qui permettent en plus de garder du budget pour les pellicules ou pour progresser dans la pratique. C’est exactement l’esprit dans lequel j’écris ces articles : aider les passionnés à éviter les déceptions et à découvrir d’autres boîtiers qui méritent tout autant d’attention.
Amicalement.
Bonjour,
En effet, un prix délirant pour cet appareil. Dans cette gamme de taille, un XA2 ou mieux un XA. Le XA1 est aussi très bien, juste en trouver un avec la cellule encore fonctionnelle (il y a toujours des collectionneurs qui exposent des cellules en sélénium ouvertes, ce qui les tue …).
Pour pas cher du tout, un Canon EOS 300 qui permet une utilisation toute automatique ou au contraire manuel (avec l’automatisation du bracketting, la multi exposition ou encore la mesure variable). En plus les optiques EF sont parfois bradées par des personnes revendant leurs EF numériques suite à l’abandon de ce format par Canon. J’ai récemment acheté un 28mm f/1.8 pour plus de trois fois moins cher que le Mju …
Sinon, je recommande un Semflex, le TLR français au rapport qualité / prix incroyable pour une petite centaine d’euros (voire moins).
Et si vous voulez mettre 450 euros dans un appareil, vous avez le choix d’un Leica II ou III qui sont vraiment des merveilles à utiliser. J’ai par exemple trouvé un Leica IIIa parfaitement fonctionnel (révisé) mais avec de la patine pour 250 euros et pour moins de 50 euros vous pouvez trouver un objectif Industar-22, copie du Leica Elmar et au moins aussi bon. Ce n’est pas le même usage qu’un Mju mais il tient tout autant dans une poche avec l’objectif rentrant !
Parmi les appareils photo compacts argentiques que je suggère, il y a notamment le Rollei 35 B, un compact argentique entièrement mécanique, lancé à la fin des années 60, doté d’un objectif Triotar 40 mm f/3.5 et d’une cellule au sélénium intégrée. Ultra-compact, tout en métal.
Je citerai également le Minox 35 GT, réputé pour sa taille encore plus réduite et son objectif de qualité, mais dont l’électronique peut être capricieuse avec l’âge.
L’Olympus XA est également une excellente alternative : il offre un télémètre intégré pour une mise au point plus précise, ce qui le rend plus pratique que le Rollei en photographie de rue, bien que son design plus plastique puisse déplaire aux amateurs de boîtiers tout métal.
Enfin, le Canonet QL17 GIII, bien que plus volumineux, propose une optique lumineuse et un mode automatique efficace, mais perd en discrétion et portabilité par rapport au Rollei 35 B. Chacun de ces modèles a ses forces, mais tous partagent cette philosophie du compact performant qui a fait le succès du Rollei.
Ce sont des appareils qui pourraient plaire aux photographes débutants à la recherche d’un boîtier simple et compact.