Je me suis séparé d’un grand nombre d’appareils photo argentique l’année dernière. J’ai conservé les boîtiers indispensables, dont le Rolleiflex, le Nikon FM2n et un Canon EOS 3. Pour assurer mon activité professionnelle sereinement, j’ai besoin d’outils fiables que je connais parfaitement. Les Canon AE1, Minolta X700 et autres Olympus OM sont des boîtiers sympas mais ils ne sont pas essentiels à mes yeux. Ils servent entre autres de matériel de prêt pour les cours photo.
Le Canon EOS 3 m’accompagne depuis vingt ans maintenant. J’en ai même eu deux pendant quelque temps. C’est certainement l’appareil argentique le plus efficace en reportage photo argentique que j’ai possédé pendant toutes ces années. Alors bien sûr, vous me direz, il existe d’autres reflex tout aussi performants voire plus. Mais c’est avec cet appareil que j’ai démarré mon business bien avant l’arrivée du numérique dans mon sac photo.
Les avantages du canon EOS 3 pour un photographe professionnel
Une configuration similaire aux Canon EOS numériques
Entre un reflex numérique Canon et l’EOS 3, on garde ses repères. Le fonctionnement est presque identique. C’est très important lorsque l’on travaille en mode hybride argentique / numérique. Il faut souvent pouvoir réagir instantanément en reportage. Je ne peux pas me permettre de perdre du temps à chercher un bouton ou me tromper de réglage. L’ergonomie familière entre l’EOS 3 et les 5D MK III ou MK IV permet justement cette fluidité indispensable. En basculant d’un boîtier numérique à un boîtier argentique en plein reportage, tout reste intuitif : les réflexes sont conservés, la prise en main est naturelle, et l’œil reste concentré sur l’essentiel — la scène et l’instant.
Le viseur du Canon EOS 3
Le viseur de l’EOS 3 est confortable. Il offre une bonne clarté pour bien visualiser la scène. Les 45 collimateurs sont illuminés en rouge et accrochent relativement bien y compris les sujets en mouvement. Le mode de suivi du sujet, sans être équivalent au CANON R6 évidemment, est largement utilisable en lumière naturelle. Par contre, il montre vite ses limites en basse lumière.
Les objectifs de la gamme pro sur le Canon EOS 3
Voilà un point essentiel à mes yeux, la possibilité de monter les objectifs de la série L sur l’EOS 3. Les images produites avec le 135mm F2 L ou le 35mm F1,4 L sont un régal. Travailler avec ces optiques haut de gamme sur un boîtier argentique permet vraiment de tirer le meilleur du film, que ce soit en noir et blanc ou en couleur. Le Canon EOS 3 accepte tous les objectifs en monture EF de chez Canon, Tamron et Sigma. Mais attention, certains objectifs comme le Sigma ART 50mm F1,4 , peuvent montrer des back et front focus importants sur un boîtier argentique.
Photographie de mariage en argentique avec le canon EOS 3
Le Canon EOS 3 est un boîtier tout à fait approprié en reportage photo mariage à condition d’avoir l’intention de produire plus d’une pellicule. S’il s’agit de proposer seulement une dizaine de portraits, un simple boîtier mécanique ou mieux encore un moyen format suffit. Pour moi, ce qui comptait, c’était de pouvoir opérer en toute situation sans être limité. En intérieur, avec flash ou sans, l’EOS 3 offre tous les avantages des reflex modernes.
L’inconvénient du Canon EOS 3 est son look moderne. Il ne se distingue pas des reflex numériques contrairement au Rolleiflex. Quand je sors le 6X6, il se passe quelque chose de spécial : les regards s’illuminent, la curiosité s’éveille, et souvent un dialogue spontané s’installe. Le boîtier lui-même devient un acteur silencieux de la scène. À l’inverse, l’EOS 3, avec son design fluide et fonctionnel, passe totalement inaperçu. Il est perçu comme un appareil « standard », sans le charme intemporel d’un moyen format vintage.
Pour photographier à la volée, le Canon EOS 3 est impeccable. La mise au point rapide et l’exposition instantanée permet de travailler rapidement. On pense souvent aux portraits posés quand il est question de photographie de mariage en argentique mais personnellement, j’essaie d’inclure aussi des photos noir et blanc argentiques prises sur le vif avec un 35mm ou un 85mm. Ces photographies comptent tout autant que les traditionnels portraits de groupes.
Un autre atout du Canon EOS 3, c’est la liberté de choisir la focale la plus adaptée à chaque situation. Lors de la séance photo des jeunes mariés dans la magnifique ville de Bruges, j’ai vraiment apprécié d’avoir opté pour le 24-70mm f/2.8. Je ne voulais pas m’encombrer de trop de matériel, tout en gardant une grande souplesse dans mes cadrages — et cet objectif m’a offert exactement ce qu’il fallait : de la légèreté, de la polyvalence et une grande qualité d’image.
Enfin, si j’ai choisi de conserver le Canon EOS 3 pour mes prestations professionnelles, c’est parce qu’il est à la fois robuste et parfaitement adapté à mon activité de photographe de mariage et de portrait. Si j’avais été photographe sportif, j’aurais sans doute opté pour le Canon EOS 1V. Mais pour mon usage, l’EOS 3 représente le compromis idéal entre efficacité, fiabilité et prix.
Avis sincère
D’accord, c’est un reflex plutôt lourd et encombrant. Il est bruyant et il faut remplacer la pile ( 2CR5 ) assez souvent. Mais, je dois reconnaître que cet EOS 3 m’a fait gagner pas mal d’argent en dix ans d’activité. Grâce à sa réactivité, la précision de la mesure de la lumière en mode spot, multi-spot, centrale évaluative ou pondérée, je suis confiant par rapport à l’exposition. Il fonctionne exactement comme un reflex Canon numérique. On retrouve les mêmes fonctionnalités de base et surtout il accepte les objectifs L que j’utilise sur le 5D MK IV. En résumé, c’est un excellent outil de travail, certes moins sexy qu’un Leica M6 ou un Contax G2 mais il fait le job. Si vous recherchez un boîtier pro et si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à le prendre en main et mettre votre œil dans le viseur.
Amicalement.
Studio Argentique 
Commentaires
5 réponses à « Pourquoi je conserve le Canon EOS 3 pour mon activité de photographe mariage et portrait ? »
Oui, il est important de se limiter dans le matériel en particulier avec le matériel ancien, les positions des commandes et les méthodes de chargement différent souvent trop d’une marque à l’autre. Si on change trop souvent il est impossible d’acquérir et conserver les réflexes d’utilisation indispensables pour se concentrer sur l’image.
Surtout en reportage. Pour de la photo loisir, ce n’est pas gênant.
Bonjour,
Je retrouve tout ce que je pense à un niveau amateur avec mon EOS 300 que j’ai acheté pour avoir un reflex autofocus, « pour ne pas mourir idiot parce qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ». Par rapport à mon Canon AT-1 ou à mon Praktica L, quel plaisir de ne pas avoir une enclume autour du cou ! Et puis, c’est vrai qu’il est pratique et qu’il est rapide.
Comme vous, je retrouve la tendance à faire plus de photos qu’avec un autre boitier (l’utilisation est proche de celle d’un compact, d’un « point and shoot »), comme vous je loue les objectifs EF de qualité (il faut tout de même admettre qu’il y a eu des progrès dans les optiques).
En revanche, le 300 étant un bas de gamme, j’ai parfois des difficultés pour avoir une mise au point sur un sujet isolé. Bien sûr je peste mais en passant en mode manuel on s’en sort, même s’il est clair que les objectifs EF ne sont pas conçus pour ça … Je connais un peu l’EOS 3 pour l’avoir essayé et il est vrai qu’il est formidable mais plus lourd. J’ai plusieurs fois lu qu’il était considéré comme le meilleur boitier argentique.
Et enfin, comme vous, je trouve qu’il a un look moderne. C’est encore plus vrai pour le 3 qui ressemble encore plus à un boitier numérique. Je me sers donc de mon 300 pour des reportages. Je fais surtout des photos de voitures anciennes et apprécie l’EOS lors de manifestations en extérieur. Par contre, il est hors de question de l’utiliser en photo de rue ou en mode urbex. Il suscite en effet facilement la suspicion, voire l’acrimonie, de par son look moderne. En revanche, l’utilisation d’un boitier à l’aspect inoffensif (110, plastique coloré …) ou mieux encore très ancien (TLR, appareil à soufflet …) attire les sourires et la sympathie. On pourra arguer que les récents Fuji numérique ressemblent beaucoup à des boitiers des années 70 mais je pense que c’est plus vrai pour les amateurs que nous sommes que pour le grand public.
C’est un témoignage important que vous livrez là et je vous en remercie. Amateurs et pros rencontrent les mêmes problématiques : rester discret et efficace. Le poids et l’encombrement sont des facteurs décisifs à l’heure actuelle. Je ne ferai plus l’erreur d’embarquer 10kgs de matériel en reportage ou sur un shooting mode. Ce temps là est révolu. Merci encore d’apporter votre expérience en argentique. Bon week-end !
[…] bien envie de reprendre les réflexions de l’ami Fred, qui utilise le sien depuis plus de vingt ans et qui compte le garder encore longtemps : […]