Le Canon RF 24-105 F4 L IS USM – Un choix judicieux ?

Depuis plus d’une décennie à couvrir des mariages en argentique et numérique, j’ai appris à choisir mes outils non pas en fonction des modes, mais selon leur pertinence sur le terrain. Le passage au Canon RF 24-105 F4 L IS USM marque un tournant dans mon approche : un choix dicté par la recherche de confort, de polyvalence et d’efficacité, quitte à accepter quelques compromis optiques. Dans cet article, je partage mon retour d’expérience après plusieurs reportages, mes impressions sur ce zoom trans-standard, et ce qui m’a poussé à l’adopter dans un environnement professionnel exigeant.

Depuis mon passage à l’hybride il y a un an, mon équipement photo mariage n’a pas vraiment changé. J’ai conservé les objectifs en monture EF qui vont sur le 5D Mark IV, sauf le Canon 24-70 F2.8 L qui montrait des signes de fatigue. J’ai choisi de le remplacer par un Canon RF 24-105 F4 L IS USM. J’espère que mon choix a été judicieux.

Une ouverture de seulement F4 dans le cadre d’une activité de photo de mariage peut surprendre

Un trans-standard est toujours utile en reportage mariage bien que l’essentiel des photos soient réalisées avec le 35mm et le 85mm. J’ai beaucoup hésité avant d’acheter le 24-105 en monture RF. Après deux mois d’utilisation et trois reportages mariages, les premières impressions sont bonnes. J’apprécie ses qualités optiques et l’efficacité de la stabilisation. Néanmoins, j’aurais préféré une ouverture à F2.8.

J’ai pris le virage du sans miroir un peu tard par rapport à mes confrères. Faire l’acquisition des toutes dernières technologies n’a jamais été une priorité pour moi. J’adore travailler avec la visée reflex. Le 5D Mark IV constitue mon boîtier principal et honnêtement, il n’a rien à envier à son homologue le R6.

Canon EF 24-70 F2.8 L USM

Inutile de vous rappeler sa fiche technique. Vous connaissez ses spécificités. Tout ce que je peux vous dire c’est que le 24-105 est plus massif que le 35mm ou le 24-70 L. Certaines personnes n’apprécieront pas la prise en main. Je l’ai trouvé confortable après six heures d’utilisation. La bague de zooming est dure mais c’est certainement ce qui retient le fût de tomber en position verticale. J’ai configuré la bague de réglage sur la compensation d’exposition, une manière de travailler qui me plaît en mode priorité ouverture. C’est pratique. Le seul reproche que je pourrais lui faire, c’est l’apparition fréquente du flare, plus souvent qu’avec le 24-70 par exemple. Pour tout le reste, il est vraiment très bon. L’AF est rapide et précis, sauf si la capteur ne reçoit pas suffisamment de lumière. J’en ai fait les frais en sous-exposant légèrement.

Canon RF 24-105 F4 L USM et Canon EOS R6

J’aurais pu me tourner vers la version II du 24-70 F2.8 L qui est toujours au catalogue. C’est un excellent objectif monté sur le 5D Mark IV mais je n’avais pas envie d’investir 2000 euros dans une monture EF. Quant au redoutable RF en 24-70, je lui trouve un intérêt certain au regard de mon activité professionnelle. Son tarif reste selon moi excessif. De plus, le poids et l’encombrement sont devenus des facteurs déterminants. Je tente donc l’aventure avec le RF 24-105 F4 L IS USM, un zoom polyvalent, pas trop lourd (700 g). Il peut être supporté à l’épaule durant de longues heures.

Le petit plus de cet objectif, ce sont ses dimensions. Monté sur le R6, il entre facilement dans la petite sacoche Peak Design. qui ne me quitte pas de la journée. J’aimais l’effet de compression du 70-200 mm mais je l’ai abandonné car trop lourd et trop long. Il me ralentissait.

Canon interdit à Sigma et Tamron d’accéder à la monture RF sur les hybrides plein format. Pourtant, la compatibilité existe chez Nikon et Sony. Vous devez choisir entre des objectifs ultra coûteux et l’entrée de gamme. J’ai choisi de monter mes anciens EF non stabilisés sur le Canon R6 via la bague d’adaptation. Cela fonctionne très bien mais allonge les dimensions de l’ensemble or j’aimerais un équipement beaucoup plus compact.

J’envie les photographes qui ont par exemple fait le choix du Tamron 28-75 G2. Monté sur un Sony Alpha ou un Nikon Z, ce zoom est apparemment très qualitatif. Son poids, sa taille et son prix semblent ridicules par rapport aux objectifs de la gamme L chez Canon. Le prix du Canon RF 24-70 F2.8 L est presque trois fois supérieur à celui du Tamron. Les lentilles aux qualités hors normes ne présentent aucun intérêt en reportage.

C’est vrai, je n’ai pas choisi la solution idéale. Le 24-105 est très polyvalent. Cependant, il ne pourra pas être d’une grande utilité en faible luminosité, à moins d’utiliser un flash. Entre F2.8 et F4, la différence peut sembler minime. Cela signifie tout de même une sensibilité qui passe de 3200 ISO à 6400 ISO. Imaginez le gap entre une ouverture à F1.4 et F4. Je me console avec l’idée qu’une ouverture de F2.8 n’est pas non plus toujours suffisante. Les lieux de culte sont parfois très sombres et je ne parle même pas des soirées en salles de réception. Les focales fixes reprennent alors du service.

Faire mieux avec moins de matériel

Avec le 24-105 F4 L, je mise davantage sur le côté pratique. Il est surtout utilisé durant le vin d’honneur. Il facilite les prises de vues à la volée. Il permet de capturer des portraits serrés ainsi que des photos de groupe dans la foulée. Ce zoom est utile également pendant les cérémonies laïques en extérieur. Il offre une plus de flexibilité que deux focales fixes. Ayant travaillé pendant dix ans avec un harnais et deux focales fixes, je sais de quoi je parle.

En extérieur, je travaille très souvent entre F5,6 et F11. L’ouverture minimale de F4 ne pose donc pas de problème. Si nécessaire, le Canon R6 gère très bien les hautes sensibilités. Je n’aurais plus besoin de jongler constamment avec deux boîtiers. Deux focales fixes et le 70-200 n’est vraiment plus indispensable. C’est aussi ce que je recherche, une liberté de mouvement et une simplification dans le choix de l’équipement. Le 24-70 était parfait dans cet exercice.

Le CANON RF 24-105 F4 L IS USM se classe plutôt dans la catégorie « compagnon de voyage ». Je ne le considère pas comme un zoom de reportage professionnel. Il ne représente pas le choix le plus judicieux mais dans mon cas, c’est un bon compromis. L’objectif a répondu à mes besoins essentiels lors de ce mariage : être réactif et assurer les prises de vues. Je ne suis pas un adepte de l’effet bokeh. La séparation entre le sujet et l’arrière-plan est un élément bien plus important à mes yeux. Mais je pense que chaque photographe a besoin d’être subjugué par le rendu et la qualité de ses images. Si votre intention est de produire des flous d’arrière-plan intenses, le 24-105 n’est pas fait pour vous. Il est difficile d’obtenir un effet waouh comme avec 50mm F1.2. Il fait le job grâce à sa polyvalence et son AF. Il faut chercher autre chose, une bonne compo, une bonne lumière et des moments qui vont émouvoir le client.

En toute objectivité, ce 24-105 F4 L dédié aux hybrides est une belle réussite. J’attends de voir sur le long terme si mon choix était le bon. J’adore les focales fixes. Pendant un temps, j’étais tenté de faire l’impasse sur les zooms. Malheureusement, j’ai encore beaucoup de mal à me passer du trans-standard. J’aimerais vraiment travailler avec un seul boîtier à la fois et me débarrasser du harnais. Je n’ai plus envie de supporter deux boîtiers à longueur de journée. Le 24-105 monté sur le R6 devrait pouvoir répondre à mes attentes, principalement en extérieur et en journée. Je pense même que le 85mm devient superflu pendant le vin d’honneur. Quant au 35mm F1.4, il continuera à faire le job en faible luminosité du début à la fin d’une journée de mariage.

Le matériel photo Canon que j’utilise dans mon activité professionnelle est très satisfaisant. Malheureusement, les prix des objectifs de la gamme L en monture RF sont exorbitants. Le R6 est un bon outil. Mais je me demande si je ne devrais pas envisager de passer à une autre marque. Le Panasonic S5 II et le Sony A7 IV représentent des alternatives intéressantes. Le parc objectifs est plus large et les prix sont plus abordables, des critères à considérer sérieusement.

Photographe professionnel spécialiste du noir et blanc argentique

PARIS – LILLE – AMIENS


Studio Argentique

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Commentaires

2 réponses à « Le Canon RF 24-105 F4 L IS USM – Un choix judicieux ? »

  1. Avatar de alexandrepompa
    alexandrepompa

    Bonjour,

    je souhaitais rebondir sur une petite partie de l’article : « Le 24-105 est très polyvalent mais ne pourra pas être d’une grande utilité en faible luminosité, à moins d’utiliser un flash. Entre F2.8 et F4, il n’y a qu’un pas, mais cela signifie une sensibilité qui passe de 3200 ISO à 6400 ISO. ».

    Une chose que vous oubliez est qui aujourd’hui est devenu courante c’est la stabilisation du capteur ET de l’objectif. Les possibilités de descendre en basse vitesse sont devenu totalement folles ! Après là où je suis d’accord c’est en cas de mouvement un peu rapide où il faut de la vitesse mais les stabilisations sont devenu telle qu’il en devient difficile de faire des photos floues même à très basse vitesse.

    Ayant un r8 avec un rf100-400 quand je vois déjà la stabilisation juste de l’objectif… Ce n’est plus comparable aux EF, qui était, autrefois, très performant. Je me souviens d’un teste de stab sur un r5 avec un 100-500 à 500mm au… 1/25s ! NET !! Impensable au reflex

    1. Bonjour.

      Je vous remercie pour votre intervention. Evidemment que tout le monde a conscience des bienfaits de la stabilisation sur un système hybride comme le R6 associé à un objectif de la gamme L, d’autant plus quand on est photographe professionnel depuis de nombreuses années.

      Mais vous devez comprendre qu’un reportage photo, quel qu’il soit, ce sont des personnes qui bougent, qui parlent et ne restent pas constamment figées. La stabilisation avec 5 ou 8 stops de gain n’a aucun intérêt quand les mariés entrent dans l’église ou s’expriment à la mairie et encore moins en soirée. Faites vous même l’expérience. Si vous photographiez une personne qui tourne la tête ou qui s’esclaffe de rire sera fatalement floue avec une vitesse au 1/25.

      J’adore les effets de flous et j’en use en reportage avec parcimonie pour apporter un effet stylistique ( quand par exemple la mariée se déplace ) mais il est important d’apprendre à connaître les vitesses minimales pour chaque situation afin d’éviter de se retrouver avec des images totalement floues à des moments cruciaux.

      Je donne des cours de photo depuis 20 ans. J’explique toujours la notion de vitesse minimale, car les amateurs en ont rarement conscience.

      Amicalement.