Article mis à jour juillet 2025
Ce matin-là, j’ai décidé de laisser tomber mes habitudes. Fini le 35 mm et ses contraintes commerciales, j’avais envie de retrouver quelque chose que j’avais un peu perdu en chemin : le plaisir pur de photographier.
Mon Franka Solida dormait dans un tiroir depuis des semaines. Ce petit 6×6 à soufflet, si léger qu’on l’oublie dans la poche, m’attendait patiemment. Quand je l’ai pris en main, j’ai senti cette excitation particulière qu’on ressent avant de partir à l’aventure sans plan précis.
Direction l’aérodrome de Bondues, où se tenait une reconstitution de camp militaire 39-45. Je n’avais aucune attente particulière, juste l’envie de discuter avec des passionnés et de réaliser une dizaine de clichés sans me prendre la tête.

Le déclic du format carré
La première chose qui frappe avec le 6×6, c’est cette visée à la poitrine qui change tout. Fini de coller l’œil au viseur, on compose différemment, plus posément. Le monde devient soudain plus calme, plus réfléchi. Chaque geste prend du temps, et c’est exactement ce que je cherchais.
Le format carré m’a toujours fasciné. Il libère quelque chose dans la composition, oblige à repenser les équilibres. Là où le 35 mm pousse parfois à la facilité du cadrage horizontal ou vertical, le carré demande une vraie réflexion. C’est comme apprendre une nouvelle langue photographique.
Retrouver le geste
Au milieu de ces véhicules d’époque et de ces reconstituteurs passionnés, j’ai redécouvert ce qui m’avait fait tomber amoureux de la photographie argentique. Chaque déclenchement compte, chaque cadrage est pesé. Pas de rafale, pas de « on verra bien », juste l’essentiel.
Mon Franka Solida s’est révélé parfait pour l’occasion. Discret, efficace, il m’a permis de saisir l’ambiance sans déranger personne. Les reconstituteurs, concentrés dans leurs rôles, ne m’ont même pas remarqué. C’est exactement ce que je voulais : être spectateur et créateur à la fois.

Au-delà de la technique
Cette matinée m’a rappelé pourquoi des photographes comme Paul de Cordon ont adopté le moyen format. Ce n’est pas une question de qualité d’image ou de résolution, c’est une question d’état d’esprit. Le 6×6 impose son rythme, sa philosophie. Il refuse la précipitation.
J’ai réalisé que dans ma pratique professionnelle, j’avais peut-être perdu cette connexion primitive avec l’acte photographique. Cette urgence de livrer, de produire, de satisfaire avait grignoté le temps de la contemplation. Le moyen format m’a forcé à renouer avec cette lenteur créatrice.
L’évidence du retour
En développant mes négatifs quelques jours plus tard, j’ai eu cette sensation familière du photographe amateur qui découvre ses images. Cette excitation de ne pas savoir exactement ce qu’on va trouver, cette surprise devant un cadrage qui fonctionne mieux qu’espéré.
Le Franka Solida a fait ses preuves ce jour-là, comme il l’avait déjà fait lors d’une soirée privée au flash quelques mois plus tôt. Je me dis que je devrais l’utiliser plus souvent, ne serait-ce que pour maintenir cette connexion avec une photographie plus intuitive.
Cette parenthèse au moyen format n’était pas un détour nostalgique, mais une nécessaire reconnexion avec l’essence même de la photographie. Quand le plaisir redevient le seul guide, l’image retrouve une authenticité qu’aucune technique ne peut simuler.
Parfois, il suffit de changer d’outil pour retrouver le chemin de la création pure.

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Commentaires
3 réponses à « Portrait argentique au moyen format 6×6 : quand le plaisir guide l’image »
Great set of images. I have a Franka Solida II with a fairly basic lens, must put another roll of film through it.
Bonjour Fred, c’est vrai qu’avec le Solida on est loin des usines à gaz que sont nos numériques/hybrides. Et pourtant, les photos sont magnifiques (bon, ok, tu étais de l’autre côté de l’appareil). Toutes mes amitiés.
Bonjour Jean-Pascal. Pour moi, le Solida a été une belle découverte et c’est grâce à toi !