Une passion devenue un métier
Je n’ai pas oublié toutes ces années de déambulations photographiques dans les rues. J’ai grillé des kilomètres de pellicules avec énormément de déchets et parfois de belles surprises. La photographie de rue est une bonne école mais on ne devient pas artiste pour autant. Par contre, j’en ai tiré des enseignements précieux qui m’ont permis de gagner une bonne dose de confiance et une certaine efficacité. J’ai appris notamment à trouver une distance qui me convenait bien, un point crucial à mon sens. Je faisais tout au 50mm. Au bout d’une dizaine d’années de pratique, le geste était devenu automatique. Je n’ai jamais eu la prétention de créer des chefs-d’œuvre, par contre cette expérience acquise dans la rue m’a bien servie par la suite dans mon métier de photographe.

Je ne pratique plus la photographie de rue depuis longtemps parce qu’elle devenait chronophage, très coûteuse en films et en chimie. Je n’ai jamais su en tirer un revenu conséquent et les quelques tirages vendus restaient anecdotiques mais ce n’est pas grave. En devenant un prestataire en photographie sociale, j’ai trouvé un bon équilibre. Les reportages et séances portraits paient les factures et je consacre toujours un peu de mon temps libre à des projets personnels réalisés en argentique.
Des automatismes identiques
En reportage photo mariage, je retrouve les mêmes habitudes qu’en photographie de rue. La plupart du temps, je travaille avec des focales courtes ou moyennes, jamais au téléobjectif. J’essaie toujours de me placer assez proche de mon sujet. Je cadre souvent au 28 et au 35 quand il y a du mouvement. Je me déplace beaucoup avec une focale fixe ou un zoom, peu importe. Je tourne autours de mon sujet, je m’approche. J’adore travailler avec le Canon EF 35 mm F1.4 mais le zoom permet d’affiner le cadrage. Je ne comprends pas cette polémique qui perdure sur le net entre pros zooms et pros focales fixes. Les deux ont leur utilité, surtout en reportage. Un zoom ne m’a jamais empêché de bouger ni de rester calé sur le 28, le 35 ou 50 mm tout le temps que cela est nécessaire. Il y a des situations où le zoom devient indispensable et d’autres où une focale fixe lumineuse reprend l’avantage en basse lumière mais je n’ai pas envie de rentrer dans ce débat stérile.

Tout ce que Youtube ne vous enseignera jamais
Rester scotché(e) devant Youtube n’est pas la meilleure méthode pour progresser. Si vous vous exercez dans la rue de manière assidue, vous développerez vos propres techniques mais surtout, vous découvrirez une manière d’opérer qui correspond à votre personnalité. Vous devez vous sentir à l’aise dans votre pratique. Vous n’êtes pas obligé(e) de singer les autres. L’expérience accumulée en pratiquant la photo de manière rigoureuse (dans la rue ou ailleurs) sera acquise pour toujours. Sentir la rue, savoir apprécier la qualité de la lumière ou se placer au bon endroit, ce sont des enseignements que les tutos en ligne ne pourront jamais vous offrir. Il faut vous confronter au terrain.
La technique est la partie la plus facile de l’histoire, surtout avec les outils numériques actuels. De nos jours, grâce au viseur électronique, on peut se rendre compte si l’exposition est correcte avant même de déclencher. Par contre, trouver la bonne approche pour faire passer une idée ou une émotion avec l’art et la manière des grands photographes est un vrai défi. Cependant, il n’est pas nécessaire d’essayer de copier les maîtres de la photographie, de voyager dans des pays exotiques, de couvrir des sujets difficiles ou des conflits pour exercer votre œil. Les sujets du quotidien dans un environnement proche peuvent vous aider à trouver votre voie ou développer un style.

Il n’y a pas que la technique qui compte
Au cours des quinze dernières années et plus d’une centaine de cours photo, je constate que le souci premier du photographe débutant concerne toujours et encore le matériel. Bien connaître son boîtier et savoir s’en servir est bien évidemment essentiel mais ce n’est pas suffisant. D’autre part, investir dans un nouvel appareil photo plus récent, plus intelligent améliore le confort mais n’apporte pas forcément un gain au niveau créativité, au contraire. Vous pensez que votre niveau stagne mais votre passion pour l’image vous pousse à pratiquer encore davantage, alors vous ferez obligatoirement des progrès. Si vous souhaitez travailler votre regard, quittez les réseaux sociaux pendant quelque temps. Intéressez vous à ceux qui ont marqué l’histoire de la photographie et étudiez les travaux des auteurs contemporains de talent qui évoluent loin des tendances aseptisées d’Instagram en consultant les revues spécialisées et les livres d’auteurs ou en allant visiter les expos.
Si vous ne savez pas comment progresser, je peux vous guider dans votre pratique.
Photographe professionnel spécialisé argentique.

Commentaires
6 réponses à « Tirer parti de la photographie de rue »
Les livres photo, ça fait partie du matériel le plus fondamental, le plus urgent à acquérir !
Ça, et de bonnes chaussures 😉
Cordialement
F.
Oui, les livres sont essentiels pour bien s’imprégner du travail des grands photographes. On apprécie davantage l’œuvre d’un auteur qu’en scrollant Instagram.
J’aime bien la photo de rue et je n’arrive toujours pas à savoir quel matériel choisir. J’ai toutefois remarqué qu’il vaut mieux avoir un appareil photo « décalé », soit un toy camera au look de jetable paraissant inoffensif (j’ai de super photos avec un Simple Use rose par exemple) ou alors au look vintage (comme un TLR qui présente l’avantage de la visée discrète).
A partir du moment où l’on prend du plaisir à photographier, n’importe quel outil photographique fait l’affaire.
Pour ce qui concerne le débat focale fixe vs zoom, je peux donner un éclairage en espérant ne pas ouvrir une boite de Pandore … Un peu de contexte : j’ai 54 ans et fais de la photo en amateur depuis environ 40 ans et, au début, on est facilement fasciné par un joli caillou ouvrant à f/1.2 et on fantasme sur des f/0.95. J’ai fait une pause en essayant le numérique qui ne m’a pas plus en appareil photo mais j’ai eu une période smartphone qui a un côté pratique indéniable. Mais las de faire des milliers de photos nulles en emmenant une batterie de secours, je suis revenu à l’argentique avec une ouverture d’esprit proche de la boulimie en testant tous les formats et tous les styles d’appareils et en développant moi-même (n&b, Caffenol, C-41, E-6).
J’ai découvert qu’on peut faire de belles photos avec un objectif en plastique, d’autant plus qu’on va pouvoir s’approcher d’une personne plus facilement pour la photographier ou discuter avec un vigile qui vous autorise à faire une photo.
Et puis, j’ai acheté un f/1.2 (Canon FL 55mm) pour mon Canon AT-1 acheté d’occasion … en 1988. C’est beau, ça fait de belles photos mais ça pèse lourd et ce n’est pas forcément mieux quand on ouvre à f/4 ou f/8 !
J’ai découvert le Canon EOS 300 par hasard et, toujours intéressé d’essayer le défi de faire de belles photos avec du matériel pas cher, j’en ai acheté un avec son zoom EF 28-80mm f/3.5-5.6 II et j’ai testé … Et bien, les optiques récentes sont plutôt bonnes et la qualité est super. En plus le poids total est inférieur à un boitier nu ancien. Les possibilités offertes par les modes, les multi spots sont intéressants et j’en suis arrivé à compléter avec un pancake 40mm f/2.8 mais je ne trouve pas qu’il apporte grand chose. Ce zoom dit bas de gamme avec un boitier « à pas cher » fait de super photos ! Je viens de me commander un 50mm f/1.8 II pour les faibles lumières et je verrai bien mais, franchement, un zoom est hyper pratique et je pense que les réserves que j’avais sont plus liées à certains vieux matériels moins bons (je pense à certains zooms que j’ai testé en monture FD et qui sont moyens).
En revanche, un boitier argentique autofocus a un look moderne qui marche moins bien en photo de rue …
Merci pour ce retour d’expérience très instructif. On est dans la même tranche d’âge (58 ans) et entre 1985 et 1989, je devais me contenter d’un Pentax d’entrée de gamme et un zoom Photoline avant de passer aux focales fixes. Depuis, j’ai acheté ( et revendu) tellement de matériel et parfois regretté certaines optiques (comme le Canon 28-105) moins prestigieuses mais tellement pratique. Je me fiche de la qualité de la lentille pour ce que je produis en argentique, juste un peu plus exigeant pour les commandes clients mais sans chercher le nec plus ultra.